« En tant que lead game designer, l’un des aspects les plus délicats du métier, c’est d’estimer correctement le temps de production d’une fonctionnalité ou d’un niveau. Il ne suffit pas de comprendre le besoin de design, il faut aussi avoir une vision globale du pipeline, des dépendances techniques et des contraintes artistiques.
C’est pour ça que je pense qu’un bon lead doit avoir au moins une connaissance de base des autres disciplines du développement : art, programmation, animation etc. Non pas pour tout faire, mais pour pouvoir échanger efficacement avec chaque corps de métier et anticiper les frictions.
Il faut aussi savoir inspirer son équipe, surtout dans les phases où la pression monte. Motiver les GD et LD, ce n’est pas juste leur dire que ça va aller — c’est leur donner des objectifs clairs, reconnaître leurs efforts et créer un cadre où la créativité peut s’exprimer malgré les deadlines.
Au quotidien, je m’appuie beaucoup sur les outils de planification (comme JIRA, Trello ou Notion) et les méthodes agiles, en particulier SCRUM, pour structurer le travail. Mais la méthode ne fait pas tout. Ce qui fait vraiment la différence, c’est notre capacité à adapter les process à l’équipe et au projet, et à garder tout le monde aligné sur une vision commune. »

« Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant : « Je veux devenir lead game designer ». Pour moi, ça a été une transition progressive, une évolution qui s’est faite naturellement au sein de l’équipe. En prenant de l’expérience, en gagnant en séniorité, j’ai commencé à encadrer certains aspects du projet, à proposer des méthodes de travail plus claires, et petit à petit, cette position de lead s’est imposée.
Ce que j’ai vraiment voulu apporter, c’est une structuration du travail qui allège la charge de l’équipe. J’ai mis en place des guidelines et des processus simples pour qu’on passe moins de temps à se poser des questions organisationnelles, et plus de temps à concevoir du bon gameplay.
Ce rôle, je le vois comme un soutien à l’équipe, pas comme une position d’autorité. Mon objectif, c’est de créer un cadre où chacun sait où il va, pourquoi, et avec qui. C’est cette clarté qui, selon moi, permet de gagner en efficacité sans sacrifier la créativité ou l’envie. »

« Passer lead, c’est clairement une étape importante dans une carrière de game designer. Ça m’a permis de prendre plus de recul, d’avoir un impact concret sur la production et sur les décisions structurantes du projet. On sent qu’on peut vraiment influencer la qualité finale, en posant les bonnes bases et en accompagnant l’équipe.
Cela dit, il faut être honnête : ce rôle s’accompagne de certains inconvénients. On passe moins de temps dans la création pure, et beaucoup plus dans la gestion d’équipe, l’organisation de planning, ou encore les réunions transverses avec les autres pôles du projet (tech, prod, art…). Parfois, j’ai l’impression que mes journées sont rythmées par des points de synchro plutôt que par des prototypes.
Mais au final, ce que je perds en temps de création, je le gagne en intérêts pécuniers, et égoïstement en satisfaction personnel pour ma carrière. »

« Être lead game designer, c’est un vrai tournant dans une carrière. L’un des grands avantages, c’est la possibilité d’avoir un impact fort sur le projet. Mais il faut aussi être conscient des inconvénients. Ce rôle demande beaucoup de temps de management et laisse moins de place à la création pure et le design.
c’est un poste où l’on gagne en vision et en influence, mais où l’on sacrifie une partie de l’implication directe dans la production. Et il faut que ça corresponde à ce qu’on recherche dans son évolution professionnelle. »